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Le Voyage de Serraf
2 juin 2004

3ème lettre 01/05 02/05 03/05/2008

Lettre n° 3

Samedi 1er mai

La nuit s'est plutôt bien passée, sans pluiecartes_0105_edite et à l'abri du vent. Le ciel est nuageux à mon réveil, mais le soleil parvient à passer de temps à autre et illumine ma tente à travers la toile. J'étends un moment ma tente pour faire sécher la rosée qui la recouvre, sans toutefois trop m'attarder car le temps menace.

Je plie bagage et continue la descente à travers la forêt jusqu'à ce que j'arrive sur une route où je croise un petit groupe de cyclistes féminin quadragénaire qui me donne quelques indications sur ma position et sur les différents sentiers environnants. Nous nous séparons et comme toujours j'emprunte le chemin qui me semble le plus dépourvu de goudron.

Je marche un long moment vers les champs et les fermes rustiques puis j'arrive au bord d'un ruisseau où je m'accorde un moment de répit.

Les courbatures endolorissent un peu mes chevilles et cette halte est la bienvenue. Le temps s'est dégagé et bien que le sol soit humide, le soleil réchauffe agréablement l'atmosphère.

Je repars après une longue pause et arrive, après une bonne heure de marche sur de petites routes désertes, sur un petit sentier qui se perd entre les buissons de genévriers et de chênes verts. J'aboutis sur ce qui doit être une départementale, aucune signalisation en vue, uniquement des champs de lavandes et des vignes en face de moi qui me séparent d'une colline boisée. Je traverse les cultures, marchant dans les hautes herbes, puis je m'arrête au pied des arbres profitant du soleil pour mettre mes vêtements à sécher sur les touffes de lavande. Je reste là une bonne heure jusqu'à ce que le ciel se recouvre à nouveau. Je range mon barda bien que tout ne soit pas bien sec, le chemin m'amène au hameau, sans intérêt, de Tuiliere que je traverse sans m'attarder pour arriver dans des plantations de chênes et d'oliviers. Je contourne autant que possible ces champs, mais je me trouve bloqué sur la rive d'un cours d'eau, le Lez, que je longe jusqu'à une zone pavillonnaire où une dame me ravitaille en eau fraîche, et m'indique l'emplacement du pont le plus proche pour franchir le Lez.

Après l'avoir remerciée je suis ses indications en les adaptant de façon à ne pas trop marcher sur la route, j'emprunte ainsi un chemin grimpant à l'assaut d'une colline d'où je peux, pendant un moment, contempler le château de Grignan. Je poursuis sur quelques centaines de mètres et débouche sur ce qui doit être une route nationale que je prends pour rejoindre le fameux pont, je laisse sur ma droite une sorte de restaurant proposant, à la vente, des spécialités régionales d'apéritif à la truffe.

Je passe le pont et continue la route sur l'autre rive, je trouve à ma droite une petite route dont le bitume se change en gravier et la voie devient chemin de campagne. Un cavalier arrive et me rejoint, nous discutons le temps d'arriver à une intersection, où, il m'indique la direction du village le plus proche. En suivant ses directives, je rencontre monsieur Offer, adjoint au maire du village de Colonzelle. Il me donne une carte routière du sud-est de la France et m'indique l'emplacement du camping municipal où il m'invite à passer la nuit gratuitement, je le remercie et me dirige vers le village que j'atteins au bout de 3 bons kilomètres, je me rends au camping saluant les gents au passage, et je plante ma tente bien à l'abri du vent.

Dimanche 2 Mai

Les ébats des chiens faisant leur promenade matinale finissent par me réveiller. En passant le nez dehors je vois que le temps est gris et qu'il va certainement pleuvoir, je plie mon barda et quitte le camping en remontant la rue, saluant les quelques personnes qui s'affairent, de bon matin (si l'on peut dire !) dans leur jardin.

Je remarque une cabine téléphonique en haut de la rue, même un peu plus tôt que d'habitude je décide de passer un coup de fil à la maison, selon mon père la météo ne sera pas très clémente les jours prochains, ce genre de considération n'entame pas ma détermination, la communication terminée, J'entame ma journée de marche par une petite route qui sort rapidement du village et qui zigzague entre les champs.

Je pensais avoir pris une route tranquille mais en moins de cinq minutes six véhicules me dépassent, je décide de couper à travers champs en me fiant à ma boussole.

Mes courbatures sont encore là, douloureuses surtout du coté droit, je progresse dans des hautes herbes en essayant de ne pas trop mouiller mes chaussures, l'agencement des champs des talus et des ruisseaux m'obligent à faire des détours ce qui rend mon avancée plutôt lente.

J'arrive en fin de compte au petit village de Grillon, où un monsieur me donne de l'eau et quelques indications sur la topographie des environs, j'apprends de plus que la ferme ou se tourne l'émission de télé se trouve pas très loin, n'étant pas un inconditionnel de télé réalité je n'ai pas la moindre envie de m'y rendre.

Je m'arrête un peu plus loin sur un terrain vague pour manger la moitié du bout de saucisson qui me reste. Je repars en longeant longtemps la route, et finis à nouveau par couper à travers champs mais une pluie fine se met à tomber et rend la terre fraîchement labourée en pâte lourde et collante, je retourne sur la route et m'abrite un instant derrière un transformateur EDF le temps de m'équiper pour la pluie.

Valréas, la pluie gagne en intensité, je décide de fcartes_0205_editeaire une halte sous un préau dans un cimetière à coté d'une caisse en polystyrène sur laquelle est inscrit au marqueur bleu « La maison de pupuce ». Je vois arriver peu après la pupuce en question, il s'agit d'une chatte brune prête à mettre bas et que ma présence, trop près de son gîte, indispose au plus haut point. Ne voulant pas déranger davantage la faune locale je reprends ma route entre les vignes et les lavandes, je commence à rechercher un endroit propice à l'implantation de ma tente et prends pour cela un chemin longeant les coteaux, le terrain est très caillouteux, des ronces et buissons le rendent chaotique et détrempé difficilement praticable, je m'enfonce dans le bois pour dénicher entre les pins un espace satisfaisant, je dresse le camp sous la pluie.

Lundi 3 Mai 2008

Une bonne partie de la nuit le grésillement des gouttes de pluie sur ma tente s'est fait entendre, ponctué jusque très tard de bruissements d'ailes et de piaillements d'oiseaux. A mon réveil il pleut toujours, j'en profite pour rédiger ma première lettre en restant à l'abri jusqu'à midi. Je profite d'un répit de la météo pour plier bagage puis je redescends du coteau pour regagner la route en direction de st Maurice sur Eigue.

Le trajet est agréable, la petite route sinue dans les bois je n'y croise qu'une fourgonnette pressée et un viticulteur trop affairé dans sa vigne pour faire attention à moi. La pluie se remet à tomber une demie heure avant que je n'arrive au village, sur place je poste ma lettre et téléphone à ma famille, pour la rassurer puis je vais m'abriter un bon moment sous un lavoir où je discute avec un vieux du coin.

A la première accalmie je me remets en marche vers le pont le plus proche pour franchir la rivière voisine. Mes courbatures associées au froid et à l'humidité me font assez mal et me contraignent à ralentir mon rythme. J'avance lentement le long de la nationale, essayant dès que possible de passer derrière la rambarde de sécurité, les voitures et camions arrivant en face de moi soulèvent des nuages d'eau pulvérisée que je reçois en plein visage à chaque passage. Cette portion de route rectiligne n'en finit plus, mes pas étant alourdis par la terre mouillée du terre-plein. Ce moment pénible passé j'arrive tout de même sur l'autre rive du cours d'eau. Je monte encore quelques centaines de mètres, et pour échapper à la circulation je prends une petite route à droite contournant le village de Buisson.

Je passe devant une chapelle et quelques maisons et retrouve rapidement les champs et la terre jaune et collante qui s'agglutine en couches épaisse sous mes semelles, ajouté à mes courbatures ma démarche devient carrément gauche, glissant et trébuchant sur ces appuis instables.

Je repère un sentier dans les arbres, sa terre noire semble damée, et je me libère au fur et à mesure de ma progression dans la forêt du fardeau collé à mes chaussures. Le sentier monte longuement parmi quelques arbres tronçonnés et disposés de façon désordonnée de part et d'autre du passage. J'arrive alors sur une large piste rocailleuse, balisée pour les randonnées pédestre ou équestre, je continue de monter sur quelques kilomètres puis arrive à un embranchement où je prends la voie semblant conduire vers le sud. Je commence à chercher un endroit pour la nuit, le coin n'est pas propice et je préfère tenter ma chance plus loin en descendant un petit sentier abrupt qui tombe dans des champs de vigne couverts de gros galets.

Je suis une petite route qui passe sous un versant boisé que je gravis ensuite en me frayant un passage entre les broussailles espérant trouver un coin plat au sommet, mais non ! Des vignes encore des vignes plantées sur une épaisse couche de cailloux. Je longe l'une de ces vignes pensant rejoindre une route tôt ou tard, lorsque j'avise légèrement en contrebas, une aire nivelée au bulldozer, je saute sur l'occasion et dresse le camp sur cet espace de terre damée d'où je peux voir une bonne partie de la vallée.

A très bientôt !!! Et merci pour vos encouragements.

 

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Commentaires
M
Je suis toujours charmée...<br /> Continue comme ça, j'adore lire des nouvelles de toi.<br /> <br /> Biz.
S
C'est fort, comment tu arrives à synthétiser ton quotidien pour en donner une version à la fois précise, simple et complète =)))
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