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Le Voyage de Serraf
19 juin 2004

4em lettre 04/05, 05/05, 06/05/2008

Mardi 4 mai 2004

Il n'a pratiquement pas plut cette nuit mais le peu d'eau qui est tombé était chargée de terre noire et la toile extérieure de ma tente est à présent toute sale. Le ciel est couvert ce matin, je prends encore quelques instants pour tenter d'identifier les villages que j'aperçois dans la vallée mais mes efforts sont vains. Je range mes affaires et descends alors vers le plus proche, j'y suis au bout d'une demie heure et j'apprends qu'il s'agit du village de Roaix.

J'envisageais de passer par Vaison la Romaine mais il me faudrait faire un détour par les routes, et la météo maussade ne m'y encourage pas. Je renonce donc à passer par la célèbre bourgade et poursuit mon chemin en franchissant l'ouvèze et suivant sans entrain la route où défilent dans les deux sens un flot de voitures et camions.

Au premier carrefour giratoire je prends la bretelle qui semble la moins fréquentée, elle conduit à Séguret mais, bien que le trafic y soit moins dense que précédemment, la voie est étroite et dépourvu d'accotements ce qui contraint les véhicules à me frôler au passage. Un monsieur s'arrête et me propose de m'emmener en voiture jusqu'au prochain village, nous sympathisons durant le court trajet, il m'indique ensuite la direction du village ancien que je vais visiter après l'avoir remercié.

Je passe une aire de stationnement puis commence à monter une petite route dont l'accès aux véhicules est limité aux livraisons et aux tenanciers des quelques rares commerces présents à Séguret. J'arrive devant la porte du village, un grand mur où est fixée une pancarte explicative, une petite rue pavée commence sous la voûte d'entrée et monte entre les  vieilles maisons restaurées ; l'endroit s'est tourné vers le tourisme et les commerces qui s'y trouvent vendent des santons ou souvenirs en tout genre, aucun commerce d'alimentation à part les restaurants.

Je rencontre monsieur Soubeyras, artiste régional qui expose ses toiles dans une ancienne chapelle reconvertie en salle d'exposition, nous discutons un moment, il me parle de la région  de Séguret et de la présence d'un château en ruine surplombant le village accessible par un sentier discret proche de l'entrée de Séguret. Je décide l'escalade et découvre, un peu déçu, quelques pans de murs noyés dans les chênes verts et les buis, il est probable que les pierres du château on servit à construire le village qui est en dessous ! Un panneau explique qu'un gouverneur était en fonction en ces lieux jusqu'à la révolution de 1789.

Je poursuis ma route sans revenir sur mes pas, j'entreprends de redescendre par un versant non aménagé de la montagne en longeant les vestiges des remparts me frayant un passage à travers la verdure sans trop de difficultés  j'arrive au pied de la montagne sur une petite route qui serpente et qui m'amène jusqu'à Sablet. Je croque en chemin quelques poireaux sauvages pour calmer mon estomac qui commence à réclamer, mais c'est insuffisant et je décide d'acheter une fougasse et une pizza à la boulangerie du village, puis j'échange  ma monnaie restante à l'épicerie voisine contre une endive quelques champignons de paris et un morceau de tomme de Savoie. Je m'assieds sur la place du village et prends tranquillement mon repas.

Je conserve toutefois la moitié de la fougasse la tomme et les légumes pour plus tard, je repars sur la nationale en direction de Gigondas puis je coupe par un petit chemin qui m'y fait arriver juste à l'heure de la sortie des écoles ; Je visite le vieux village, l'endroit est assez joli, les ruelles piétonnes montent assez franchement, des marches larges ont été aménagées sur le sol pavé et plusieurs fontaines sont disposées le long des côtes. Un monsieur m'indique que l'office du tourisme se trouve en bas… l'employée m'indique l'endroit où débute un sentier pédestre qui traverse les dentelles de Montmirail, une série de rochers escarpés dressés sur les collines, je commence la montée sur une large piste en grignotant en chemin les champignons et l'endive qui me restent. La voie se divise mais je poursuis en me conformant aux indications d'un marathonien que j'ai croisé un peu plus tôt.

Je laisse sur ma gauche la ruine d'une tour carré, avant de déboucher dans un champ de vigne que je descend jusqu'au crépuscule, là je plante ma tente entre deux rangées de ceps où le sol est un peu moins caillouteux qu'ailleurs. La nuit se passe bien jusqu'à ce que je sois réveillé par des piétinements dans les graviers ! Je m'assied et tends l'oreille, la nuit est bien avancée et il me faut un moment pour arriver à distinguer les coutures de ma tente, pendant ce temps j'écoute, les pas sont rapide, trop pour être des pas humains ! De plus il semble y avoir plusieurs individus autour de moi dont l'un très proche sûrement derrière la rangée de cep, soudain j'entend un râlement accompagné d'un bruit de cailloux projetés puis un grognement comparable à celui d'un cochon ! je suis à l'évidence encerclé par une harde de sangliers, j'hésite sur l'attitude à adopter sachant qu'une charge de sanglier peu être redoutable.

Je décide de jeter un œil à l'extérieur et actionne prestement la fermeture éclair de ma tente intérieure, le zip sonore surprend le groupe qui cesse de «  foumouger » la terre et reste aux aguets pour déterminer l'origine de ce bruit inhabituel, je me faufile dans le auvent pour faire glisser la fermeture de la toile extérieure, à peine ai-je entamé le geste que j'entends détaller la troupe en dérapant dans les cailloux. Le temps que je passe la tête dehors le groupe a disparu ne me laissant entrevoir qu'une silhouette noire traversant le champ de vigne en travers, comme s'il n'y avait ni cep ni fil de fer, et qui se perd dans le bosquet. Je fais un rapide examen de la situation et me recouche pour terminer ma nuit tranquillement.

Mercredi 5 Mai 2004

Au matin je constate qu'il a plu un peu pendant la nuit et que l'emplacement terreux où je me suis installé est devenu boueux et collant, heureusement il ne pleut plus et, bien que le ciel soit couvert, je devine que la couche nuageuse n'est pas très épaisse et que, peu être le soleil percera. Je range mes affaires et me remet en marche vers 10 heure descendant prudemment un petit sentier de terre débouchant sur des circuits balisés, je passe près de Vacqueras et bifurque à gauche sur une petite route qui mène à Beaume de Venise. Je grignote en chemin quelques poireaux sauvages puis, une fois dans le village, je passe un coup de fil à ma grand-mère et je refais le plein d'eau. Je croise à la sortie du village deux dames avec qui je discute un peu tentant d'obtenir des informations sur d'éventuels sentiers menant à Caromb en évitant les routes, mais leur connaissances sont limitées et je m'engage sur le premier chemin à droite après les avoir remerciées.

Très vite j'arrive dans les champs de vignes où travaillent quelques paysans je contourne les plantations et arrive sur une petite route, j'y rencontre un monsieur se promenant avec sa chienne, Julie, qui a la fâcheuse manie de se rouler dans les excréments. Nous parlons un moment de divers sujets comme les travaux du moment a faire dans les vignes, les crues des cours d'eau des environs, ou des superbes oliviers plusieurs fois centenaires qui trônent encore au bord de la route, il me renseigne aussi sur la direction à suivre. Je lui dis au revoir et repars, après une petite heure de marche j'arrive à Caromb, où je m'abrite, le temps d'une averse, sous une voûte couvrant un passage étroit. Je continu en direction de st Pierre de Vassols via le village de Modène.

Le cheminement sur le bitume endoloris mes genoux et les courbatures au niveau des pieds et des chevilles vont en augmentant, en somme je commence à fatiguer, je cherche un endroit pour me reposer et dormir, je sors du village, franchis une grande départementale et m'enfonce dans les champs de vignes et cerisiers. Je m'installe à l'angle d'une vigne, face à l'est la cime enneigée du ventoux sur ma gauche.

Jeudi 06 Mai 2008

J'ai passé une bonne nuit, c'est le soleil levant éclairant ma tente qui me réveille, je profite de ce matin radieux pour faire sécher les vêtements humides que je transporte, mais la rosée et les bourrasques qui se lèvent me rendent la tache plus difficile que je le croyais. Le ciel se charge peu à peu de petits paquets de nuages qui cachent le soleil par intermittence. Je refais mon sac et traverse quelques champs pour atteindre une petite route, je la suis pour aller vers les montagnes les plus proches, je cueille en chemin une poigné de poireaux sauvages que je trie un peu plus loin sur un sentier traversant une première colline, je contourne quelques champs puis traverse la route très fréquentée reliant Mormoiron et Mazan.

Je trouve une piste aménagée pour les promenades à cheval, passe devant un enclos où paissent quelques ânes, et découvre sur la gauche du chemin des panneaux indiquant la présence d'une ancienne carrière de pierres exploitée entre le 5em siècle et le moyen age qui aurait, entre autre, fourni 66 sarcophages encore visibles au alentour du cimetière de Mazan. Je poursuis ma route mais le chemin se divise et fini par disparaître dans un champ de cerisiers ; Je traverse les arbres, des broussailles épineuses, puis retrouve enfin une route. Je me dirige vers le village que j'aperçois à quelques kilomètres, et remarque sur ma droite une énorme carrière d'où sorte de pleins convois de camions. Une escadrille de 7 avions de chasse traverse le ciel, je suppose qu'il s'agit de la patrouille de France.

J'arrive finalement au village de Malemort où je discute un moment avec un retraité puis je me rends au centre du bourg pour me ravitailler en eau, acheter un pain complet, une part de pizza et quelques bonbons. Je m'assois à cote de la fontaine pour manger la pizza et les sucreries, puis je reprends ma marche par un sentier qui monte longuement jusqu'à atteindre une croix commémorant une bataille qui se serait déroulée ici sous la révolution française. Je croise un monsieur qui se promène avec son chien, il m'indique la direction des villages les plus proches, je décide d'aller vers Venasque. Je remarque de nombreux murs en pierres sèches qui devaient servir de délimitation aux parcelles de terrain aujourd'hui à l'abandon, et totalement envahies par la végétation sauvage, trois grandes citerne de pierres bien conservées probablement très anciennes, ainsi que de nombreux petits abris circulaire souvent écroulés qui pouvaient servir aux chasseurs à l'affût. Le sentier redescend, il est bientôt l'heure de trouver un endroit pour passer la nuit, j'arrive sur un large chemin sableux contournant une propriété ceinte d'un de ces murs de pierres et longeant une plantation de cerisiers. Un petit espace abrité du vent, légèrement surélevé, recouvert de mousse végétale m'interpelle ! je cède à la tentation et dresse le camp.

                           

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Commentaires
S
En principe, faut vraiment une bonne raison pour qu'un sanglier s'attaque à l'homme... Mais vaut mieux rester prudent avec ces bestioles-là ^^<br /> <br /> Je me suis, une fois, en pleine nuit au milieu d'un champ de vigne dans la campagne varoise, retrouvé face à face avec un sanglier que j'avais d'abord pris pour un chien... Je me suis approché en tendant la main et en appelant doucement, mais l'animal a brusquement déguerpi et alors j'ai vu et entendu la masse sombre se frayer pesamment, et avec grand bruit, un chemin à travers les branches =)
M
<br /> et bien c'est super ce que tu fais, mais on a pas la suite c'est dommage... En tout cas continu ta quête car c'est vrai la société de consommation y en a marre, moi aussi je fais des manifestation comme ça. Par exemple chez moi j'organise des marchés de commerce équitable il faut leur montrer que c'est du bourrage de crâne ce que nous fais la politique et les médias...<br /> <br /> Enfin bonne chance pour la suite mec!!!
M
MAIS TU ES PASSE A COTE DE CHEZ MOI !!!!!<br /> Je t'ai peut être croisé...<br /> <br /> Continue ton parcours. J'attends déjà la prochaine lettre.<br /> Biz.
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