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Le Voyage de Serraf
16 avril 2004

Mercredi 24 Mars

Mercredi 24 Mars

Il a plu toute la nuit. Une pluie fine et régulière précipitée sur matente par de violents coups de vents. J'ai mieux dormi qu'hier cependant, les bourrasques ne secouaient pas  la toile trop vivement et le sol offrait un moelleux relatif mais appréciable. Seul le froid s'insinuant par en dessous et la pente du terrain m'ont perturbé un peu. J'ai tenté de m'isoler du froid en étendant ma couverture de survie sur le sol mais le résultat n'était pas des plus satisfaisants. J'ai du également me repositionner plusieurs fois au cours de la nuit pour compenser le glissement vers le fond de mon abri, à cause de l'inclinaison du sol. Je devais eviter de mettre en contact mon duvet et la moustiquaire verticale qui, si elle venait à toucher la toile extérieure,finissait par laissait passer l'eau de pluie.

J'attends un peu en espérant que le temps s'améliore, mais lorsque je jette un coup d'œil à l'extérieur je me rends vite compte que l'éclaircie n'aura pas lieu avant plusieurs heures, si toutefois elle a lieux. Je plie donc mon barda en essayant de le mouiller le moins possible puis je reprends ma marche à 7h20.

La technique d'habillement que j'ai adopté qui consiste à enfiler le k-way au dessus du T-shirt et d'empiler ensuite vêtements et blouson par-dessus semble porter ses fruits. Mon blouson sèche beaucoup plus vite de l'extérieur que de l'intérieur et, ainsi, seul mon T-shirt est mouillé de sueur le soir, ce qui me permet de conserver des affaires sèches plus longtemps.

Je marche en continuant sur même route qu'hier. Le ciel est gris et la lumière du jour est laiteuse et diffuse. L'humidité ambiante forme une sorte de brume grisâtre troublant un peu ma vision.

Après une grande descente j'arrive sur une intersection. Des panneaux routiers me donne une indication sur ma position et je décide de poursuivre sur la route la plus petite, espérant qu'elle sera moins fréquentée. Je longe un champ de choux et franchis un petit pont au dessous duquel git une épave de voiture calcinée, à moitié immergée dans l'eau presque stagnante du ruisseau. Visiblement la carcasse est là depuis longtemps et je reste un moment à observer les traînés arc-en-ciel de carburant à la surface de l'eau.

Je suis un peu navré qu'une telle pollution soit accomplie sans que personne n'y attache d'importance, mais dans un sens je suis dans une zone où la terre est soumise à la culture intensive et où les véhicule passent et repassent en permanence. L'environnement a déjà bien souffert ici. 

Je poursuis mon chemin. La circulation automobile se fait de plus en plus dense et les poids lourds soulèvent l'humidité du bitume pour me la projetter à la figure. J'emprunte  la premiere route secondaire que je vois pour échapper à ces conditions pénibles. Dès lors le terrain se met à monter et  je progresse lentement sur une côte sinueuse à plus de douze pourcents. C'est physiquement plus difficile, mais le cadre devient bien plus plaisant, je préfère.

J'arrive à Auriple-le-péage, un petit hameau où je me réapprovisionne en eau à un bassin. Je croise quelques personnes qui discutent. Je les salue d'un signe de tête avant de continuer. A la sortie du village un enclos  partiellement arboré  renferme quelques poneys et chevaux qui m'observent avec intérêt et curiosité.

La pluie s'est arrêtée mais le vent est plus présent sur cette petite route. Les bornes kilométriques m'indiquent la distance me séparant du prochain village : Puy-Saint-Martin. A en juger par les indications de ces plots en béton, je dois tenir une moyenne de cinq ou six kilomètres à l'heure.

J'arrive à une sorte d'aire de repos assez vaste, située à l'intersection entre la petite route que j'arpente et une voie à grande circulation. Sans doutes s'agit-il de celle que je suivais tout à l'heure.

Me voilà sur une butte et je discerne en contre-bas le village mentionné sur les bornes. Il me reste encore quatre kilomètres à parcourir en descente avant d'y parvenir. Aucun autre moyen d'y accéder que de longer cette route très fréquentée. Je m'y résigne donc et marche d'un bon pas, essayant à plusieurs reprises de franchir le fossé et de marcher dans l'herbe un peu en contre-haut de la route. Une démarche motivée autant par mes préférences en terme de confort que par la recherche d'un sentiment de sécurité.

Malheureusement les arbres m'entravent freinent considérablement ma progression et je finis par me résoudre à poursuivre ma descente en bordure du goudron.

J'arrive enfin dans le village. Je repère une cabine téléphonique un peu après une station service et je décide d'y passer un coup de fil à ma grand-mère pour dire que tout va bien. Je tombe sur le répondeur et y laisse un message.

Ensuite je me met en quête d'un endroit où faire une petite halte et trouve un point d'eau non loin de la mairie. Je m'y abreuve après avoir posé mon sac quelques minutes, soulageant ainsi mes épaules. De nouveau le froid engourdit mes membres.

Cette halte serait la bienvenue mais aucun endroit ne semble offrir un abri convenable contre le vent et le froid. Je demande à tout hasard à la mairie si un local était mis à la disposition des randonneurs mais l'employée me répond que la seul structure qui pourrait convenir est un local en préfabriqué dans lequel les employés municipaux vont casser la croûte à midi. J'aurais donc la possibilité de me joindre à eux, mais je devrais pour cela attendre presque trois quarts d'heure que le local ouvre. J'hésite un moment puis préfère reprendre ma marche en direction du prochain village.

En remettant mon sac sur mes épaules, j'entends un craquement. Mon k-way vient de se déchirer. Je n'y accorde pas trop d'importance et poursuis ma progression.

Je marche sur une petite route de campagne plane traversant des champs en friche ou fraîchement labourés. Les courbatures se font à nouveau sentir et  je commence a réfléchir sur ce que j'ai déjà accompli en ces trois jours.

Sur le plan physique, ça va. Je manque certainement d'entraînement, mais ma condition s'améliorera au fur et à mesure de ma progression. Même la faim ne m'a pas trop gêné, je ne l'ai d'ailleurs presque pas ressentie malgré le peu de choses que j'ai mangé pendant ce voyage et l'effort que j'ai fourni.

Le matériel en revanche nécessiterait quelques modifications mineures. En arrivant dans le village de Charols je trouve une cabine téléphonique et demande à mes grands parents de venir me chercher.

En attendant qu'ils arrivent, je vais prendre une bière dans un petit café restaurant où les gens du coin terminaient de prendre le café. Un camion de Bourganelle, une bière aromatisée à la châtaigne et brassée en Ardèche, est garé devant le commerce. Cela fait longtemps que je n'ai pas eu l'occasion d'en boire et décide donc d'en commander une.

Peu à peu les clients retournent travailler et, seul à présent avec la patronne, j'engage la discussion. Nous abordons plusieurs sujets et notamment le fait que les petits villages comme Charols souffrent d'un dépeuplement important, se changeant peu à peu en citées dortoirs. Certaines communes ont même décidé, selon elle, de mettre en vente leur église faute de pouvoir en assurer l'entretien ou de n'avoir plus d'homme de foi pour assurer leur fonction en ces lieux.

Bien que je ne sois pas  du tout porté sur la religion, je trouve dommage que de tels édifices soient transformés en lofts ou autre.

Au bout de deux heures la Xsara de mes grands parents arrivent enfin. Nous prenons un chocolat chaud et  rentrons finalement à Valence. Je narre en synthétisant les trois nuits que j'ai passé et tente de retracer mon parcourt sur une carte. Bien qu'il soit assez difficile de déterminer avec précision mon itinéraire, je pense avoir accompli entre 70 et 80 kilomètres, ce que je trouve assez convenable pour un premier essai. Je met à sécher mes vêtements et vide mon sac pour éviter l'apparition de moisissures et commence a réfléchir aux modifications à apporter à mon matériel. Prochain départ prévu pour les 25 Avril.

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Commentaires
S
arg, mon dernier comment a été posté à la mauvaise news... ^^<br /> <br /> BTW, cool de pouvoir te parler en direct, Serraf =)
S
Héhé, merci, c'est indéniablement mieux comme ça, après ce petite remaniement de la mise en page. On espère que tout va bien du côté de Serraf et qu'on aura des news bientôt =)
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