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Le Voyage de Serraf
26 juillet 2004

7ème Lettre

Vendredi  14 mai

La nuit n’a pas été très chaude, l’humidité ambiante a fait nettement chuter la température, le soleil en s’élevant dans le ciel bleu, réchauffe l’atmosphère et sèche un peu mon matériel de camping, mais l’environnement est tellement mouillé que je fini par remballer et me remettre en marche. Ma route se change en chemin puis en sentier avant de disparaître dans les broussailles, je continu toujours passant à coté d’abris de chasse dont le camouflage de branches, datant de la dernière saison, est complètement roussis par le soleil. Quelques volatiles rescapés de la chasse s’envolent à mon approche. Je franchis un petit vallon en enjambant précautionneusement l’enchevêtrement de buissons épineux et grimpe sur une colline pour atteindre un chemin défoncé au bord duquel je m’arrête pour casser la croûte. Au menu : anchois roulés sur une tranche de pain et saucisse sèche à l’ail. Je repars, arpentant le chemin qui devient plus praticable.

J’arrive dans la cour d’une sorte de ferme où sont garées de nombreuses voitures, il n’y a pas âme qui vive hormis un chien abrité sous une voiture qui se contente de remuer la queue en me voyant approcher, je ne m’attarde pas et continu ma marche un long moment au soleil jusqu'à un lotissement isolé, là je demande un peu d’eau a un habitant, ainsi que des renseignements sur les differents villages que l’on aperçois d’ici. Je prends la direction de la Verdiere. La circulation est dense sur cette départementale interminable qui m’amène en fait a Ginasservis, j’ai dû mal comprendre mon interlocuteur ! Je visite rapidement le village où rien n’attire mon attention à part le coté froid et indifférent des habitants, je refais le plein d’eau puis m’équipe contre la pluie à la vue de nuages menaçants qui s’amoncellent. Je reprends la route de la Verdière en contournant un petit cirque installé dans un champ. Les petits chemins de campagne que je prends finissent toujours par revenir sur la route, l’orage éclate, accompagné d’éclairs et de coups tonnerre, la pluie est moins intense que celle d’hier, mes talons me font mal comme s’ils s’écrasaient sur eux même, j’avance lentement car je pense que ce problème est dû à mes parcours sur route. Une zone pavillonnaire, bâtie le long de la route, s’annonce, je la traverse entièrement puis décide d’installer ma tente à cote d’une maison inoccupée et d’un pâturage  dissimulé derrière un talus. Je m’endors tranquillement bercé par les bêlements rassurant d’un troupeau de moutons tout proche

Samedi 15 Mai

Je décolle à 10 heure avec mon « jean » encore humide de la pluie d’hier, il séchera pendant ma marche ! je longe un chemin puis par la route j’arrive à la Verdiere.   Village sans intérêt touristique mais les habitants y sont plus accueillants et  souriants, j’achète un peu de pâté de campagne, une tome de chèvre et un saucisson fabriqué dans la région selon l’épicier qui m’offre en plus quelques tomates. Je le remercie puis je me rends à la mairie, guidé par une jeune fille serviable, pour glaner quelques infos sur les sentiers pédestre conduisant à Montmeyan. Une sorte de conférence semble se tenir à l’hôtel de ville, je m’adresse aux personnes s’occupant de l’accueil et de la reprographie, qui me conseillent vivement de rester sur la route, Je m’engage donc sans enthousiasme pour douze kilomètres de route bitumée et trafiquée.

Je passe une cote puis évolue sur un petit plateau où de nombreux cyclistes me dépassent en m’encourageant. Je fais une pose pour manger des tomates et un peu de pâté, que je trouve succulent. Je reprends ma route bordée de forets, après trois heures de marche j’aperçois Montmeyan , il est bâti autour d’une tour du 12e siècle et l’agencement des constructions confère à l’ensemble un aspect atypique intéressant, je constate qu’une grande partie des maisons semblent inoccupée, servant probablement de résidences secondaire. Je trouve toutefois une cabine téléphonique, envahie d’insectes volant, il est 13 heure j’appelle mes parents qui sont en train de manger des rouleaux de printemps en compagnie de grand-mère ma sœur et son copain. J’échange quelques nouvelles avec chacun d’eux, puis je pars à la recherche d’une fontaine que je trouve au centre du village, j’y croise un couple de randonneurs avec lequel je discute quelques instants, puis je reprends ma route après avoir fait le plein d’eau fraîche. A ma demande des gens du coin m’indiquent une piste qui traverse un parc naturel et permet, avec une boussole, de rejoindre le village d’Aups sans difficulté.

    Je suis leurs indications par une petite route de campagne qui arrive comme prévu dans l’enceinte du parc où la route se transforme en piste de terre. La pluie recommence à tomber doucement, je prends mon k-way et couvre mon sac à dos, je prends la direction de l’est d’un bon pas malgré une douleur persistante dans mes talons. J’évolue agréablement pendant plus de trois heures dans ce parc aux senteurs forestières révélées par la pluie. Vers 19h je m’arrête pour monter ma tente au bord du chemin dans les fougères, j’entends le bruit de la circulation routière au loin, et évalue ma position sur la carte en tenant compte de mes observations. Alors que l’obscurité est tombée deux coups de sirène retentissent au loin, sans doute un appel aux pompiers pour un accident ou un incendie. J’essaie de trouver le sommeil accompagné par des pulsations lointaines provenant sans doute d’une discothèque des environs.

Dimanche 16 Mai

Les passages répètes d’un tracteur sur le chemin voisin me tirent du sommeil, le ciel est totalement dégagé, le vent est nul et rien ne laisse penser qu’un incident grave a pu se produire hier soir nécessitant l’intervention des  pompiers. Je range mes affaires et me remets en route vers 10h, quelques centaines de mètres plus loin les chênes de la forêt cèdent leur  place à des pins dont le parfum envahi l’air, aussitôt l’ambiance m’évoque les vacances passées au bord de la mer. Je m’étonne de constater l’effet que peut avoir un simple parfum sur l’état d’esprit et la motivation. Je me réfère à ma boussole à chaque division de la piste pour garder le cap à l’est. J’arrive en vue d’un vaste domaine bordé de panonceaux stipulant que toute chasse est interdite, et qu’un élevage de chevaux de courses est à proximité, je contourne, par le nord, cet haras nommé « gros bec », et trouve une petite route qui me conduit au village de Moissec, un bourg perché sur une colline aux versants abrupts que j’escalade par un chemin noyé sous les arbres, je parcours les ruelles jusqu'à une place d’où je peu admirer la vallée. Je me réapprovisionne en eau à un robinet disposé à coté d’une fontaine, puis demande dans un café s’il est possible d’acheter du pain, le patron me répond qu’il n’en a plus et que la boulangerie la plus proche se trouve à Aups où, les commerces devraient être ouverts, car une fête s’y tient aujourd’hui. 

  Je remercie l’assistance puis je redescends vers Aups, je parcours les 5 km  sur le bitume en plein soleil avant d’y arriver, à première vue le village n’est pas très animé, les commerces n’ouvrent pas avant 15h, je m’avance vers le centre sur une place où les manèges d’une fête foraine s’installent, on m’apprend que les festivités débuteront vers 16h. Je décide d’attendre 15h pour reposer mes talons et pour pouvoir acheter du pain. Je vais m’asseoir sur un seuil de pierre dans une ruelle calme et ombragée à coté d’un robinet fuyant où je prends de l’eau. Je patiente en lisant mon livre de botanique, puis, quand 15h sonne, je retourne devant les boulangeries que j’ai repère, et qui restent obstinément fermées. À 15h30,  je décide de repartir avant de devoir affronter la cohue des fêtards qui commencent à affluer. Je remarque un camping à la sortie du village où l’on m’autorise à prendre une douche contre 1 €, l’instant est apprécié !

Je reprends une route montante en long virages, que je coupe cours en utilisant l’ancienne route beaucoup plus sinueuse partiellement transformée en tronçon de chemins de terre. Je traverse une ancienne décharge dont le sol est jonché de plastique et autres déchets divers à demi enfouis ; Je décide d’accéder à la crête par un sentier montant sur la droite, je cadre est plus agréable et je peu contempler la vallée tout en marchant, j’avance un moment puis redescend vers quelques maisons isolées, il se fait tard, un joli pré sur ma gauche me parait idéal pour passer la nuit, je m’installe dans l’herbe grasse à l’abri d’une plantation de saule à proximité d’un petit ruisseau.

Lundi 17 Mai

Le klaxon du boulanger me réveille, le soleil brille et j’entends le vent dans la cime des arbres, il est 9h30 je longe quelques villas en allant vers Tourtour, sous un vieux lavoir une dame âgée lave son linge en chantonnant, j’entre dans le village aux ruelles pavées à la recherche du bureau de poste, l’endroit est très plaisant, les administrations concernées ont dissimulé au maximum les installations inesthétiques modernes, beaucoup de maisons sont fleuries et ornées de détails simples et singulier qui s’intègrent parfaitement à l’ensemble, plongeant le visiteur dans une époque médiévale fascinante. Je poste ma lettre et achète un pain aux céréales ainsi qu’une part de quiche à l’oignon que je mange immédiatement. A la mairie l’employée me remet une photocopie de carte répertoriant les circuits pédestres des alentours.

Je me dirige avec ce document vers une petite route serpentant agréablement entre les propriétés, puis trouve une voie sablonneuse signalée comme étant une voie romaine, je marche d’un bon pas sur cette voie descendante laissant sur ma gauche les ruines d’une abbaye bien conservée mais totalement envahies par la végétation, je traverse un petit pont et quelques hameaux avant d’arriver sur une route partant dans la forêt, je m’y arrête un moment pour casser la croûte. J’arrive à Draguignan par un long boulevard, j’y trouve une cabine téléphonique, puis après avoir passé mon coup de fil me rends au centre ville. Le brouhaha du monde et de la circulation me fait fuir, je pars vers le sud, traversant plusieurs fois le Nartubi sur d’étroits petits ponts. J’arrive à Trans en Provence après avoir suivit une route fréquentée, parallèle à une voie ferrée, et traversé une zone commerciale. Là je cherche le départ de la nationale 47 pour me rendre à la motte à 6 km, le trafic est dense et mes talons me font mal, il est 19h30 je ne m’y arrête que pour prendre de l’eau, je poursuis jusqu’a un terrain inculte près d’une vigne où j’installe mon campement. Je profite des derniers instants de jour pour expérimenter un repas entomophage, grillon grillé au briquet ! Ce n’est pas l’idéal comme cuisson, mais cela suffit à se faire une opinion. Le grillon se comporte comme les crustacés, il rougit à la chaleur, et sa saveur est plutôt agréable. 

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Commentaires
R
hallo, my friend, (name??) we met July 25th at Schöckl near Graz, we talked a lot about eatable things etc. i admire your project and would like to hear from you. did you already arrive? my french is not very sufficient to read your diary - hard work. This day i went up schöckl and slept on the top, very nice. later i made some more tours in austria - carinthia. It was very fine. Will you stop voyages now and start real work in wintertime? good luck for future! tell me, if you come to austria again, you may have a stop in my home. René
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